mercredi 7 mai 2008

donner le temps au temps : un luxe retrouvé


Parce que le temps m'est infiniment moins compté (je peux bannir l'expression que tous mes amis connaissent dans ma bouche "on est dans les temps") , je choisis désormais mes sorties selon mes goûts du moment .
Plan B le 26 avril à La Commanderie : le meilleur du service public du théâtre , la sûreté des choix esthétiques de Franck Becker , le succès de Scènes Du Jura
Déjà l'an dernier la Compagnie 111 avait créé la surprise avec "plus ou moins l'infini". Le travail de cette compagnie relève d'un esthétisme pur . Sans doute le sentiment fait il un peu défaut . Je comprend bien pourquoi les spectacles de 111 ont tant de succès en Allemagne et à Hambourg notamment , ville que je connais si bien. Le public allemand , les metteurs en scène allemands (les régisseurs comme l'on dit Outre Rhin) sont très sensibles à l'esthétisme, à la rigueur du jeu sans doute parce que depuis 60 ans le romantisme qui a été tant détourné dans la patrie de Goethe est interdit de cité. J'ai souvent fréquenté , que dis-je, je fréquente souvent le Kammerspiele http://www.hamburger-kammerspiele.de/home.html même si je ne comprends pas l'allemand je suis toujours sensible à une "couleur" très particulière dans les mises en espace et en scène.
Bref cette année la compagnie 111 était plus "humaine" plus "sensible" , l'attention extrême des spectateurs était associée à des rires solides et nourris. Tout au long du la représentation je balançais entre Spiderman et "ah les beaux jours" de Beckett...
Dans tous les cas cela confirme s'il en était encore besoin la justesse des choix de Franck Becker.Pour ceux qui comme moi ont vu beaucoup des spectacles qu'il a sélectionné ces 7 dernières années(et encore je confesse n'avoir pas pu me rendre faute de temps à tout ceux que je souhaitais découvrir), on découvre peu à peu un style , une émotion , une esthétique oui , une esthétique. Directeur de Scène Conventionnée comme d'une scène nationale c'est un métier, c'est une compétence et Franck Becker en a aujourd'hui une réelle maîtrise auquelle le public de Dole et du Jura est sensible . Remettre en cause Scènes du Jura serait une erreur non seulement politique mais plus encore culturelle...la phrase de Talleyrand sur l'assassinat du Duc d'Enghein en somme"plus qu'un crime c'est une faute". Evidemment personne n'y pnese et c'est très bien ainsi.
Il faut de la finesse pour établir un climat de confiance entre le professionnel , autonome dans ses choix artistiques , ne dépendant que très partiellement de la seule ville de Dole( les financements viennent aussi de très nombreuses autres collectivités locales :la communauté de Lons , Le pays du Revermont, La Communauté D'Ain-Angillon, le département , la région et l'Etat) et l'élu local tenu par des contingences très terre à terre .Nous y sommes arrivés je crois...J'avais théorisé ce chemin autour d'une formule proche de la pierre philosophale "adopt,adapt,Improve". Formule bien connue des Tablers du monde entier, elle ouvre les portes à toutes les aventures humaines. Scènes du Jura en est une.
S'il peut être tentant de "récupérer" la subvention de Scènes du Jura d'environ 330 000 euros pour l'affecter à d'autres institutions ou activités, le coût d'une saison associant les grands succès du théâtre privé parisien et les formes émergeantes ou déjà confirmées du théâtre public serait très coûteux à porter par la seule collectivité doloise . Songeons qu'aujourd'hui nous partageons avec toutes les collectivités et l'Etat le coût d'une équipe de direction (et notamment du programmateur ce qui ne se décrète pas) et d'une équipe technique. Songeons qu'à cette date nous avons trouvé dans l'intérêt des publics et de la diffusion des oeuvres un équilibre entre des oeuvres exigeantes et des spectacles de divertissements . Dans combien de villes cet équilibre n'existe pas parce qu'un Directeur unique de la programmation des spectacles a une vision , un goût monolithique ou des compétences restreintes à un ou deux domaines artistiques? Dans combien de villes pour des raisons idéologiques on rejette l'une ou l'autre forme sous prétexte que le théâtre privé serait"bourgeois" et donc de droite et le théâtre de création "gaucho" et donc de gauche...comme si le populo n'avait pas le droit de s'amuser et le bourgeois de réfléchir!
Bref Scènes du jura dans l'équilibre du spectacle vivant de Dole et du jura est un outil développement culturel qu'il faut préserver tout en améliorant sans doute encore sa complémentarité avec la saison plus grand public portée jusqu'à ce jour par la ville avec le succès public qu'on lui connait.
L'expo du Musée des Beaux arts : les affiches de 68 de l'atelier graphique de l'Ecole des Beaux Arts de Paris
Evidemment l'historien que je suis ne peut pas ne pas être sensible à cette exposition qui nous livre toute la richesse de "l'imagination au pouvoir"des étudiants de la rue Bonaparte pendant le "joli mois de mai".
Y-a-il dans tout cela de l'art? Je n'en sais rien.Avec le temps ,certains (Fromanger par exemple) sont devenus des artistes reconnus alors il est tentant rétrospectivement de se "pâmer". Ce que je sais, du moins ce que je sens ,c'est qu'il y a dans beaucoup de ces affiches un cri associé à un sourire malicieux...le cri d'une génération contre une société bloquée mais aussi le sourire "taquin" d'étudiants vivant une incroyable fête et se demandant quel mauvais coup il vont encore jouer au Pouvoir sous la forme d'une affiche irrévérencieuse . Bien sur il y a les affiches made in "Coco/Mao/Trotsko/CGT" , disons celles qui sentent à 10 m la rhétorique...elles sont un témoignage. Il faut s'attarder sur les affiches de la RATP..superbes!
La soirée s'est terminée chez Anne...j'ai gagné un concours impromptu avec d'autres invités pour savoir qui était où ,au gouvernement en 68...que personne n'oublie qu'avec Yves Marie Lehmann nous sommes à peu près les seuls à pouvoir citer dans le coin, presque en entier les discours et les conférences de l'époque et à nous amuser à donner la date d'une intervention du général ou de Georges Pompidou...et pour ma part même celle de Mitterrand.
Un concert au Youn Koun Koun pour la soirée du samedi de Pentecôte
Bon je ne m'attarderai pas sur le défilé traditionnel .
Une descente vers la grande Rue (sans trop de difficulté parce que les rues étaient loin d'être bondées) m'a permis avec quelques amis de découvrir un jeune prodige de la guitare...un dilettante de la musique..il joue comme Hendrix...chante comme Brown...en plus retrouver à la basse un collègue...dingue, c'est dingue!Bravo à Fabrice pour l'animation qu'il donne à cette grande rue..bravo pour cette transformation réussie de l'ex Templier.
Belle occasion aussi de débattre avec un des colistiers de Josette Chasseur...confirmant l'ambition d'alors de nous faire manquer un renouvellement au 1° tour.

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